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La route d'Esse à Brillac est très ancienne, sans doute de l'époque gauloise et romaine cette route s'appelait : la voie ferrade.
Sur son trajet tourmenté il y avait un obstacle : une petite rivière habituellement bien calme : l'Issoire. Les Romains avient déjà construit un pont en dos d'âne, mais qui avait disparu, alors pour la traverser, les habitants de l'époque avaient construit un nouveau pont avec les pierres romaines, ce qui permettait le passage des charrettes, des tombereaux et des diligences. Tout semblait pour le mieux, mais c'était sans compter sur un personnage maléfique qui avait élu domicile dans la gorge sauvage : le Diable ! Quand celui-ci était dérangé par le passage des charrettes, il prenait un malin plaisir à démolir le pont. Les charrettes devaient alors faire demi-tour, et les paysans étaient alors obligés de le reconstruire. On récitait bien des prières, on faisait des processions pour faire partir le Diable, mais celui-ci résistait.
On construisait chaque fois un pont plus solide pensait-on , mais le diable continuait sa diabolique action et les villageois ne savaient plus quoi faire, et ils étaient désespérés.
C'est alors que l'un d'eux eu une inspiration divine (peut être monsieur Binot ?). Il y avait, à quelques kilomètres de là, à Lesterps, les ruines d'une ancienne abbaye dont les pierres avaient été bénies et rebénies de très nombreuses fois. Les villageois prirent la décision de transporter ces pierres pour reconstruire le Pont. Ce travail dura longtemps car il a fallu ériger quatre arches avec les pierres de granit et du ciment. Quand il fut enfin terminé les curés de Brillac et d'Esse vinrent de nouveau le bénir. Il y eu une cérémonie, et tout monde retourna chez lui avec le secret espoir que le Diable ne reviendrait plus. C'était sans compter sur sa détermination : Au premier orage, il était là, et commença son habituel travail de démolition, mais cette fois-ci ses coups étaient sans effet. Il s'acharna longtemps, il se mit en colère, siffla, mais il finit par se rendre compte qu'il était vaincu par plus puissant que lui. Il essaya encore plusieurs fois mais sans résultat, alors il abandonna et partit plus loin.

C'est ce pont qui existe toujours (photo ci-dessus) , et pourtant le Diable n'est jamais très loin, il a même réussi à faire un brèche il y a encore peu de temps.

Depuis la reconstruction du Pont Binot, il s'est passé d'étranges phénomènes :

Un jour le Maire d'Esse, monsieur Pierre Bonneau, revenait de Brillac en carriole, en arrivant à proximité du pont il fut dépassé à toute allure par un cavalier monté sur un cheval blanc, soudain il entendit un grand bruit, puis un énorme plouf ! sans doute le cheval et son cavalier venaient de tomber dans l'Issoire
Quand Monsieur Pierre Bonneau arriva à son tour sur le pont pour porter secours, il n'y avait plus rien : Plus de trace du cavalier et de sa monture. le Maire qui était un personnage très sérieux, eu beaucoup de mal à faire croire son histoire à la population ... et pourtant on pouvait lui faire confiance, il avait bien vu cet équipage, et entendu le grand bruit sur le Pont du Diable ... mais au fait, celui-ci n'y serait -il pas pour quelque chose !

Cela prouve que le Diable rôde toujours autour du pont. Peut est-il déguisé en chêne ou plutôt en rocher qui baigne dans la rivière ?

De toutes façons tous les gens qui ont connu cette histoire ont toujours un petit pincement au cœur lorsqu'ils traversent l'Issoire, sur le Pont du Diable.

 

Ci-dessous l'histoire de Pierre Bonneau racontée par La Gondette (en patois bien sûr !)